NILI HADIDA

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Biographie

À l’écouter parler, elle ne sait rien faire de mieux. Très active, Nili Hadida, leader et chanteuse de Lilly Wood and The Prick depuis 2006, mène de front une carrière de groupe et une carrière solo entamée en 2018. Ses nouvelles chansons sous son nom propre sortiront entre deux albums du duo pop folk. « J’aime travailler et faire de la musique, lance-t-elle. Comme je n’ai pas de vie de famille, je n’ai pas besoin de faire de pause entre deux projets. » Isolée dans un hameau de cent-vingt habitants, à côté de la forêt de Fontainebleau, elle vit une existence paisible riche de musique, déterminée à se réaliser au-delà du groupe qu’elle forme avec Benjamin Cotto, pour épouser sa nature profonde.

 

Elle offrait dès son premier album un univers personnel et affirmé sur un mode rnb-soul, « la musique que j’aimais le plus quand j’étais adolescence ». Grâce au succès phénoménal du remixé Prayer in C – du Lilly Wood and The Prick lifté par le DJ allemand Robin Schulz, elle fait feu de tout bois, sans compromis : finance son disque, le produit et crée son label, Biche Records. D’Angelo et Solange Knowles pour inspirations, elle se paie même le luxe de mixer son premier long-format avec Jimmy Douglass (Justin Timberlake, Björk et Kanye West) à Miami. Une ambition non feinte qu’elle poursuit en live en débarquant sur scène avec un mur inédit de cuivres, des trompettes et des saxophones, convoquant les fantômes d’Otis Redding et Aretha Franklin. Nili Hadida déborde de chance (en référence à son premier single Covered in Luck), mais au-delà des apparences, il y a une jeune femme pétrie de doute et d’anxiété.

 

À trente-six ans, l’artiste continue l’écriture de sa propre histoire avec une confiance nouvelle, sur ce qu’elle identifie comme un malentendu. Elle raconte : « Il y a un an et demi, mon ami guitariste Sébastien Delage a passé le week-end à la maison. Je n’étais pas du tout dans l’idée de refaire un disque. Pas du tout ! Pourtant, on a écrit un premier morceau. Puis d’autres, l’hiver dernier. Et tout à coup, on s’est retrouvés à faire un album. Finalement, je me suis prise au jeu. » Autour d’elle, les soutiens se multiplient, venant de ses proches amis et de ses pairs, notamment la chanteuse Izïa, qui lui réserve quelques-unes de ses premières parties. « J’ai reçu plein d’avis positifs, bienveillants à mon égard, des coups de main et des conseils qui m’ont encouragé et donné confiance dans le projet », se réjouit-elle. Elle en avait besoin, surtout depuis qu’elle choisit d’évoluer dans la marge et l’autoproduction.

 

Parmi les clés ouvrant les portes de son nouveau projet, la volonté d’insuffler de la cohérence entre la version disque et l’instrumentation live. « Je ne voulais pas répéter l’erreur du premier album, dit-elle. Sur scène, c’était génial, il y avait cinq cuivres, mais ça n’avait rien à voir avec le disque. » Elle a d’abord passé du temps sur un projet qu’elle a fini par abandonner pour repartir de zéro. « Ce n’était pas assez tranché à mon goût ! », analyse-t-elle avec le recul. Nili Hadida revoit sa copie en testant ses nouvelles chansons en live avec son girl band. Elle veut se rapprocher du rock des années 90-début 2000, pour satisfaire l’autre moitié de sa culture musicale. C’est un courant musical qui lui permet de s’affirmer en tant que femme avec puissance et engagement.

 

Elle se rêve en Siouxsie Sioux de Siouxsie and the Banshees avec une énergie punk. Elle s’explique : « une fille n’est pas obligée d’être apprêtée. Idem pour le chant. Les choses ne sont pas tenues d’être jolies. Je n’ai plus envie de faire cinquante prises pour avoir de l’air dans la voix. L’imperfection, c’est plus poignant. » Sa voix unique est aussi directe et brute que possible pour créer une sensation de rage authentique et totale. La guitare est en avant, souvent plus forte que la voix. Les pianos, en revanche, ont disparu de la seconde version. « J’ai décidé de mettre un gros coup de pied dans la production, annonce-t-elle. C’est un album kamikaze, qui fait du bruit, comme si j’avais un super jouet entre les mains et que j’avais le droit de le casser. Je m’éclate ! Et puis, plus je vieillis, plus la musique intense m’apaise. Des fois, je mets des morceaux de métal hyper forts à la maison pour me détendre. C’est cathartique. »

 

Ce qui frappe dans ses chansons, c’est leur candeur, qui faisait le charme de ses premières démos en groupe. « Ça peut passer pour de la froideur, de l’agressivité, même du mépris, mais ce n’est pas par posture, explique-t-elle. Je n’arrive pas à trouver ma place dans cette société. Je me sens très queer au sens premier du terme. » Il y est question de la culpabilité d’avoir accidentellement tué un oiseau (I Killed A Bird), ou de notre époque, à qui elle adresse un regard cynique sur le ton de l’humour noir (2022). « C’est la seule façon que j’ai trouvé pour supporter l’existence, dit-elle. On ne va pas sauver le monde alors autant se marrer ! C’est aussi ça l’humour noir, l’humour de mon père, très sarcastique. Ma grand-mère était comme ça aussi. Je lui ressemble énormément. » L’artiste mise sur la simplicité des mots et des émotions. Moins dans l’introspection, ses chansons disent son ouverture au partage, en duo avec Laura Cahen et Melissa Laveaux. « Ce nouveau projet, ce n’est pas que de la musique. J’ai l’impression de faire ce qu’il faut comme il faut, avec beaucoup de sincérité. » Et ça s’entend !